Chirurgie de la valve aortique
Le cœur possède quatre valves :
- la valve aortique ;
- la valve mitrale ;
- la valve tricuspide ;
- la valve pulmonaire.
Ces quatre valves assurent la bonne circulation du sang à travers le cœur et l’organisme.
La valve aortique est située à la sortie du ventricule gauche. Elle est incorporée à la partie initiale de l’aorte qui s’appelle la racine aortique. La valve aortique normale est composée de trois feuillets (dits semi-lunaires ou en nid d’hirondelle à cause de leur forme particulière).
La valve aortique s’ouvre en systole c’est-à-dire lorsque le cœur se contracte pour éjecter le sang oxygéné qui vient des poumons vers l’aorte ; ce sang passe ensuite dans tous les organes du corps.
En diastole, la valve aortique se ferme et permet au cœur de se remplir à nouveau.
La valve aortique peut être atteinte par diverses maladies qui altèreront son fonctionnement :
- Le rétrécissement aortique ou sténose aortique : est la maladie valvulaire la plus fréquente. Elle survient essentiellement au-delà de 60 ans et son incidence augmente avec l'âge. Lorsque la valve, quand elle est ouverte, fait obstacle à l’écoulement du sang. La sténose de la valve est le résultat d’une accumulation de calcium et de fibrose au niveau des feuillets de la valve qui bloque sont ouverture.
- L’insuffisance aortique : est plus rare que la sténose et peut toucher toutes les tranches d'âge. Lorsque la valve ne se ferme pas complètement et laisse refluer le sang vers le cœur. L’insuffisance de la valve peut être liée à une dilatation de l’aorte ou à un prolapsus d’un ou plusieurs feuillets de la valve. Lorsque le diamètre de l'aorte dépasse une certaine dimension (4,5 à 5,5 cm suivant les indications), elle doit être remplacée pour prévenir des complications graves telles que la rupture ou la dissection de l'aorte et également pour traiter l'insuffisance aortique. Dans ces cas, la valve aortique peut être préservée.
- La maladie aortique : lorsque la valve présente une sténose et une insuffisance.
- La valve aortique bicuspide est l'anomalie cardiaque congénitale la plus fréquente, elle touche 1 à 2% de la population. La valve aortique bicuspide s'altère plus rapidement que les valves aortiques normales provoquant une insuffisance qui est souvent accompagnée d'une dilatation de l'aorte. Dans ces cas également, la préservation et la réparation de la valve aortique sont les traitements privilégiés par rapport au remplacement par une prothèse.
La distinction entre ces dysfonctionnements est essentielle car leur traitement est différent. En cas de sténose ou de maladie aortique, la valve est remplacée alors qu’en cas d'insuffisance, elle peut être réparée.
Le traitement de la sténose aortique consiste à enlever la valve aortique calcifiée pour la remplacer par une prothèse.
Aux Cliniques universitaires Saint-Luc, différents types de prothèses sont utilisées:
- l’homogreffe aortique : une valve d’origine humaine utilisée pour remplacer la valve aortique malade. L’homogreffe est le substitut biologique le plus adapté pour réparer les tissus détruits par l’infection et assurer une guérison de l’endocardite.
- les prothèses biologiques (composées de tissus d’origine animale) : la valve biologique ne nécessite pas d'anticoagulant à vie mais peut s'abîmer avec le temps. Cette valve est généralement indiquée chez les patients de plus de 60 ans chez qui la vitesse de dégradation de la valve est très lente par rapport à la vitesse de dégradation chez les patients plus jeunes.
Chez les patients très âgés ou qui présentent des risques opératoires élevés à cause de certaines maladies associées, l’opération de replacement de la valve aortique peut être évitée grâce à la prothèse biologique de type " TAVI " (Transcatheter Aortic Valve Implantation). - les prothèses mécaniques (composées de deux feuillets en carbone) : utilisées chez les patients en dessous de 60 ans chez qui l’opération de Ross n’est pas indiquée. La valve mécanique ne s’use pas ; le risque de ré-opération est dès lors très faible. Etant donné sa composition en carbone, cette prothèse nécessite la prise d’une anticoagulation (comme par exemple le Sintrom) à vie par le patient.
Le choix entre ces prothèses se fait en fonction de multiples facteurs comme l'âge du patient, ses antécédents médicaux, ses habitudes de vie, son métier ainsi que sa préférence personnelle.
Le traitement de l’insuffisance aortique consiste à réparer la valve aortique (plastie aortique) et l’aorte qui l’entoure.
Les Cliniques universitaires Saint-Luc sont reconnues comme centre d’expertise pour la plastie aortique qui y est réalisée depuis plus de 20 ans.
L’intérêt de la plastie aortique est de laisser la valve aortique du patient en place afin d’éviter les inconvénients liés aux prothèses biologiques et mécaniques. En effet, après une plastie aortique, le patient ne doit pas prendre d’anticoagulants à vie comme pour une prothèse mécanique et le risque de réopération est plus faible qu’avec une bio-prothèse, surtout pour les patients jeunes.
La plastie aortique est réalisée chez des patients dont la valve présente les critères de réparabilité. Si une valve présentant une insuffisance ne soit pas réparable, une opération de Ross sera proposée.
Vous serez admis à l’hôpital la veille de l’intervention.
Les interventions cardiaques ont une durée moyenne de 6 h.
Les opérations chez un patient qui a déjà été opéré du coeur ou du thorax durent en général plus longtemps.
Les examens suivants seront pratiqués dans le bilan préopératoire:
- Analyses sanguines et biochimiques ;
- Coronarographie (pour les adultes de plus de 40 ans ou en présence de facteur de risque de maladie coronarienne) ;
- Echographie cardiaque transthoracique (ou transoesophagienne, facultatif) ;
- Scanner de l’aorte (si dilatation de l’aorte) ;
- IRM cardiaque (facultatif) ;
- Radiographie des poumons ;
- Epreuve fonctionnelle respiratoire (spirométrie, pour les adultes) ;
- Echodoppler des carotides (pour les adultes).
Consultation pré-interventionnelle
L'infirmier (ière) :
L'infirmière coordinatrice de soins vous prodiguera quantité de conseils, vous aidera à préparer votre intervention et répondra à vos questions concernant le déroulement votre future hospitalisation. Si nécessaire, elle vous guidera vers les examens complémentaires souhaités par les différents intervenants.
Médicaments :
Vous devrez probablement arrêter la prise de certains médicaments 5 jours avant l'intervention, ceci vous sera notifié par lettre. Si nécessaire, les anticoagulants seront administrés sous forme d'injections sous la peau quelques jours avant l'opération.
En cas de doute, contactez votre médecin traitant ou l'infirmière coordinatrice de soins au 02 764 61 11.
Le chirurgien :
Une consultation chez un chirurgien est également proposée. Elle vous permettra de rencontrer un chirurgien de l'équipe pour envisager les différents aspects techniques de l'intervention.
L'anesthésiste :
Les médecins anesthésistes de l'équipe proposent une consultation deux semaines avant l'opération. Son but est de vérifier si votre état de santé est optimal, de répondre à vos questions et de prendre toutes les dispositions nécessaires pour organiser au mieux votre intervention. Lors de cette consultation, une prise de sang pourrait avoir lieu. Vous ne devrez pas être à jeun.
Ces consultations, quelques temps avant l'opération, ont donc l'avantage de mettre en évidence des facteurs qui pourraient avoir une influence sur votre intervention.
Le kinésithérapeute :
Cette consultation est couplée à une rencontre avec le kinésithérapeute. Il vous donnera des informations qui vous seront utiles et des excercices que vous devrez faire au cours de la période précédent votre chirurgie ainsi qu'après celle-ci.
Il s'agit principalement d'exercices respiratoires, circulatoires et musculaires. Ces excercices que vous aurez appris et maîtrisés avant votre chirurgie seront repris dès le lendemain de votre opération avec l'aide du kinésithérapeute.
Conseils divers :
Alcool
On sait aujourd'hui que les sutures tiennent moins bien et que les plaies guérissent moins bien et s'infectent plus facilement chez les patients qui boivent plus de deux verres de boissons alcoolisées par jour (bière, vin ou autres). En réduisant votre consommation, dès que vous apprenez que vous serez opéré(e), vous contriburez à la réussite de l'intervention. Attention : si vous buvez habituellement plus de six verres par jour, arrêter totalement et brutalement toute consommation d'alcool peut être dangereux et ne peut se faire que sous contrôle médical «bien avant» l'opération.
Alimentation
Si vous souffrez d'un problème valvulaire, si votre coeur a déjà subi un infarctus, ou tout simplement si le manque de souffle limite vos efforts, votre alimentation devra être pauvre en sel. En effet, le sel retient l'eau et un excès de liquide dans l'organisme accroît le travail du coeur. Vous éviterez les excès de table les jours qui précèdent l'opération.
Soins dentaires :
Ils devront avoir lieu soit 2 mois avant l'intervention, soit 2 mois après l'intervention, sous administration d'antibiotiques pour prévenir le risque d'infection. Cependant, si une ou plusieurs dents sont en très mauvais état et peuvent être source d'infection, il faut les traiter d'urgence une semaine au moins avant l'opération, même s'il faut pour cela retarder celle-ci.
Maison d'accueil
L'hôpital possède une maison d'accueil appelée « Le Roseau ». Si votre famille (proche) souhaite loger à proximité de l'hôpital, contactez le 02 764 20 50 ou le 02 764 20 56 pour y réserver un logement durant votre hospitalisation
Lors de votre admission:
Vous serez pris en charge par l’équipe infirmière qui vous prépare pour l’intervention du lendemain :
- Prise d'une douche avec savon désinfectant ;
- Tonte des endroits requis.
- L’anesthésiste et le chirurgien vous rendent visite afin de répondre à vos dernières questions.
Vous serez à jeun à partir de la veille à minuit.
Le matin de l’intervention, après avoir pris une douche avec le savon désinfectant et ôté bijoux, prothèses dentaires... l’infirmier vous administrera une prémédication prescrite par l’anesthésiste.
Au quartier opératoire, vous serez pris en charge par les anesthésistes et les infirmières.
Vous serez ensuite transféré au bloc opératoire. Pour des raisons d'hygiène, les infirmières et médecins sont vêtus d'un pantalon et d'une tunique de couleur bleu. Ils ont un bonnet sur la tête et un masque pour camoufler le nez et la bouche. A votre arrivée en salle, des électrodes (pastilles auto-collantes) sont appliquées sur votre thorax, vos épaules et vos hanches pour suivre votre électrocardiogramme. Une pince est placée à votre doigt ou à votre oreille pour surveiller votre oxygénation.
Après avoir endormi localement la peau, l'anesthésiste place deux fins cathéters (petits tuyaux) dans les vaisseaux du bras, afin d'administrer les produits nécessaires à votre anesthésie. Avant d'injecter les produits d'anesthésie, il vous fera respirer de l'oxygène à l'aide d'un masque.
Le remplacement ou la réparation de la valve aortique se fait sous anesthésie générale.
L’incision pour accéder au cœur est une sternotomie partielle ou complète. Le patient est mis sous circulation extracorporelle (dérivation de la circulation sanguine hors du corps et des poumons afin d’arrêter ces organes et de vider le sang du cœur) pour pouvoir arrêter le cœur et réaliser l’opération.
En cas de remplacement de la valve aortique par la technique du TAVI, l’opération est pratiquée sans circulation extracorporelle ni arrêt du cœur.
Lorsque l’intervention chirurgicale est terminée, le patient est admis aux Soins intensifs cardiaques pour une durée de 24 à 48 heures. Il sera ensuite transféré dans le Service de chirurgie cardiovasculaire et thoracique pour une durée de 4 à 5 jours.
Suite à l’intervention, le patient peut se sentir essoufflé, fatigué et présenter des douleurs à la cage thoracique. Ces effets secondaires s’atténuent et disparaissent après quelques semaines.
Après ma sortie de l'hôpital, chez qui dois-je prendre rendez-vous et quand ?
- Rendez-vous chez votre médecin traitant le 3ème jour après la sortie
- Rendez-vous chez votre chirurgien 3 semaines après la sortie
- Rendez-vous chez votre cardiologue 1 mois après la sortie
Quand doit-on enlever les fils ?
Les fils sont à enlever 10 à 15 jours après l'intervention par le médecin traitant ou en consultation de chirurgie.
Dois-je faire de la kiné ?
A domicile, 10 séances de kinésithérapies seront prévues pour poursuivre la récupération de votre fonction respiratoire et les exercices de réadaptation cardiaque. A renouveler si nécessaire par votre médecin.
A partir de la 6ème semaine, vous pourrez participer aux 45 séances de réadaptation cardiaque (financées par l'INAMI) .
Puis-je porter des objets après l'opération ?
L'os du sternum, ouvert lors de l'intervention, devra se re-souder et se consolider (+/- 6 semaines), aussi est-il recommandé de dormir sur le dos durant les premières semaines qui suivent l'intervention et d'éviter toute traction sur les bras.
Après l'opération, vous pourrez porter avec vos bras une charge MAXIMALE de 5 Kg durant ces 6 premières semaines.
Comment puis-je me laver après l'opération ?
Dès le 6ème jour après l'intervention chirurgicale, vous pourrez prendre une douche sauf s'il y avait un problème de plaie. Demandez au personnel soignant en cas d'hésitation.
Il sera préférable d'attendre 6 semaines après l'intervention avant de pouvoir reprendre un bain.
En cas de problème de plaie, d'écoulement, de rougeur,…
N'hésitez pas à consulter votre médecin traitant ou contacter la coordinatrice du département cardiovasculaire au 02 764 61 07.
Et si j'ai des problèmes d'organisation à la maison ?
Si vous avez peur d'éprouver des problèmes d'organisation à la maison, n'hésitez pas à demander le passage de l'assistant social ou allez le trouver au centre de réadaptation cardiaque.
Puis-je conduire après mon opération ?
NON – Il n'est pas conseillé de conduire durant les 6 semaines après l'intervention.
Lors de votre consultation des 6 semaines, demandez l'avis à votre cardiologue.
Si vous devez prendre des anticoagulants comme le Sintron :
Il sera important de réaliser des prises de sang à raison de 2 fois par semaine jusqu'à ce que votre médecin obtienne la coagulation voulue.
La période de convalescence est de 2 mois.
Par la suite, il sera important de suivre le programme de réadaptation cardiaque qui est un processus à long terme par lequel les patients cardiaques sont encouragés et supportés par des professionnels issus d’une équipe multidisciplinaire pour atteindre un niveau de santé physique et psycho-sociale optimal.
Contact et rendez-vous
Service de chirurgie cardiaque – Route 60
Tel: 02 764 61 07